Chère aubépine !

Elle orne les chemins de ses grappes de fleurs blanches, et chatouille nos narines avec son odeur particulière d’amande amère.

Je dis elle, mais c’est d’un arbuste dont je parle et pourtant, c’est un des très rares arbustes à être nommé au féminin.

Son nom latin, craetegus vient du grec kratos qui signifie pouvoir, force. Cela vient peut-être de son bois très résistant qui prend son temps pour pousser.

Appelée aussi épine blanche, ou aubépin des troubadours, elle fait partie des médicinales les plus importantes de notre flore locale.

L’aubépine est notre plante du jour, (enfin arbuste, mais par commodité, je parlerai de plante).

Et, avant d’évoquer ses propriétés médicinales qui sont nombreuses, je vous propose de vous la présenter, d’un point de vue ethnobotanique : l’étude des relations entre les humains et les plantes.

Dans l’Antiquité, à Rome, elle était considérée comme protectrice. Un rameau d’aubépine était offert lors des noces aux époux, pour attirer sur eux, la santé le bonheur et la prospérité. J’espère juste que la couronne de la mariée n’était pas en aubépine car ça ne devait pas être très agréable !

Depuis toujours, les motifs végétaux ont inspiré les artistes. On retrouve ainsi la sculpture de la feuille d’aubépine sur les premiers chapiteaux Gothiques de certains monuments religieux.

C’est le cas, à la Sainte Chapelle de Paris, par exemple, au dessus d’une sculpture de Vierge à l’enfant, où on voit de grandes et belles feuilles d’aubépine.

Dans les cités lacustres, ces villages construits au bord des lacs au Néolithique, on a retrouvé des noyaux de cenelles (les fruits rouges de l’aubépine). Cette manière d’utiliser les cenelles, en farine, se retrouve également dans certaines vieilles recettes de pain en Allemagne.

Chez les Celtes, l’aubépine était l’abre sacré de Beltain, cette fête païenne qui célébrait le retour de la lumière et des énergies printanières.

C’est donc une plante qui accompagne l’humanité depuis très longtemps et qui, personnellement me tient vraiment à cœur.

L’aubépine est une grande plante guérisseuse du cœur.

En effet, elle a le pouvoir de réguler la circulation sanguine et elle est généralement indiquée en cas d’hypertension mais aussi d’hypotension. Elle corrige l’arythmie (un rythme cardiaque irrégulier) la tachycardie (quand le cœur bat trop vite) et les essoufflements.

La couleur rouge sang de ses fruits est comme un rappel de la relation étroite que la plante entretient avec le cœur.

Mais il n’y a pas que l’organe qu’elle régule. Elle apaise également le cœur émotionnel. Elle agit même sur la sensation de cœur brisé et la tristesse liée à un gros chagrin d’amour.

Les fleurs de l’aubépine prises en tisane, agissent donc sur le système nerveux mais aussi sur l’équilibre émotionnel. Elles calment les états d’agitation, d’agressivité et préviennent des insomnies.

Le docteur Henri Leclerc un médecin de campagne du 19^ème siècle, écrivait que les troubles de la ménopause trouvaient très souvent dans l’aubépine un agent thérapeutique d’une réelle efficacité.

Voilà donc une plante qui a un large spectre d’action !

Mais comme avec toute plante, il faut éviter les cures trop prolongées.

Du point de vue de la biodiversité, elle est très intéressante car, rustique et peu exigeante, elle pousse presque partout.

Au jardin ou aux abords des champs, elle représente une clôture naturelle dense et difficile à franchir mais qui offre un abri idéal aux petits passereaux pour nicher.

Au mois de mai, on peut admirer dans les haies, l’abondance de fleurs qu’un seul arbuste produit, et qui représente une très grande quantité de nectar et de pollen pour les abeilles.

Sachant tout cela, on ne peut qu’être pleins de respect et de déférence pour notre amie Joséphine l’aubépine.

Les informations livrées ici ne sont que de la sensibilisation et ne remplacent pas un avis médical bien sûr.