Je suis une liane puissante qui s’élève vers le ciel et retombe souplement vers le sol.
Je suis mal aimée, je le sais, surtout lorsque je vous égratigne avec mes aiguillons acérés.
Ah! J’en ai vu passer des générations de gosses en culottes courtes, venus
récolter avec gourmandise mes fruits bleus violets qui tachent les doigts.
Vous avez deviné qui je suis ? Eh oui ! Je suis LA RONCE, de mon petit nom latin, Rubus fruticosus.
Souvent, je suis jugée envahissante car je m’implante très facilement le long des haies ;
Et je suis bel et bien déterminée à déployer mes lianes.
Mais, Tout le monde ne me déteste pas.

Les vanniers ont compris depuis longtemps que je pouvais leur être utile pour fabriquer paniers et corbeilles.
En épluchant mes aiguillons (et non pas mes épines, c'est à dire qu'ils peuvent être retirés sans endommager la plante) et en ôtant la moëlle qui se trouve à l’intérieur de ma tige, on obtient un lien souple qui permet d’assembler des végétaux entre eux.
Autrefois je servais à fabriquer des paillassous, sorte de petites corbeilles. Aujourd’hui encore en vannerie on m’utilise pour faire des sacs, des paniers ou des dessous de plat.
Ça me rend un peu plus sympa non?
Et attendez, c’est pas fini !

Eh oui, les mûres. Tout le monde les connaît.
Saviez-vous que les traces rouges qu’elles laissent sur vos doigts viennent des anthocyanes.
Ce sont les pigments qui donnent la couleur rouge, bleue ou violette aux végétaux.
Ils ont la particularité d’être protecteurs du système cardiovasculaire.
Donc les mûres, en plus de faire d’excellentes confitures prennent soin de votre cœur.
J’ai encore d’autres ressources étonnantes à vous présenter : La chaire intérieure de mes tiges qui poussent au printemps est comestible aussi. Crue ou cuite, comme les asperges.
Quant à mes jeunes feuilles, elles sont riches en tanins.
Récoltées au printemps, on les utilise depuis longtemps en bains de bouche pour apaiser les gorges enflammées.
Les bourgeons sont utilisés en gemmothérapie pour désosbtruer les bronches et augmenter leur amplitude respiratoire.
Les tanins tonifient et resserrent les tissus et les muqueuses.
Un cataplasme de jeunes feuilles coupées en tout petits morceaux agit comme un pansement.
Placé sur une plaie elles arrêtent les saignements. On dit qu’elles sont hémostatiques.
Bon ok, je griffe et fais saigner, mais d’un autre côté, j’ai le pouvoir d’arrêter les saignements.
Et toujours en lien avec le sang, une infusion de feuilles de ronces agit sur les cycles féminins en résorbant les hémorragies utérines.

D’ailleurs, on dit que ma tige violette est comme une « signature » de mon action sur les vaisseaux sanguins.
Alors, on fait la paix maintenant ?
Pour ancrer notre nouvelle amitié, je vous invite à déguster un thé. Mais pas n’importe lequel. Un thé de ronce, préparé avec mes jeunes feuilles fermentées.
Je sens que je vous ai conquis toutes et tous non ?
Et j’espère bien que me regarderez d’un autre œil maintenant !
Alors, à bientôt sur les chemins ?
La recette du thé de ronces : on récolte des jeunes feuilles que l'on place dans un petit sac en tissu humide. On les laisse dans cette humidité pendant quelques jours, jusqu'à ce qu'elles noircissent et fermentent. On les utilise ensuite en infusion, comme un thé.
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